Élection municipale du 7 novembre 2021

Engagements des parties en matière d'itinérance à Montréal

Engagements en matière d'hébergement​

Engagements en matière de logement

Engagements en matière du droit de la cité

Engagements en matière de financement

Engagements en matière de judiciarisation

Revendications en matière d'itinérance à Montréal

Les revendications que nous portons sont indissociables du territoire géographique de Tiohtià:ke (île de Montréal) qui est un territoire autochtone non cédé.

À la veille des élections municipales, le constat est frappant : les besoins en itinérance sont plus criants que jamais. Le contexte pandémique a particulièrement touché les personnes en situation d’itinérance ou à risque de le devenir. Le manque criant de logements réellement abordables accentue la précarité. La crise des surdoses emporte de plus en plus de personnes. 

Les organismes communautaires constatent une augmentation de la détresse, de la stigmatisation et des déplacements forcés des personnes en situation d’itinérance. Les trous de services notamment pour les femmes, dont les femmes trans et les travailleuses du sexe, les personnes qui consomment, les personnes autochtones et les jeunes se révèlent encore plus importants. Les besoins partout à Montréal sont de plus en plus grands, et nos membres témoignent d’une augmentation de l’itinérance chronique, qu’elle soit visible ou cachée, dans des arrondissements tels que St-Laurent, Montréal-Nord, Pierrefond, Lachine, Mercier et le Sud-Ouest. Parallèlement, les organismes communautaires, sous-financés, peinent à répondre à l’ensemble des besoins. 

Devant ces constats, il est essentiel que les candidat.es à la mairie s’engagent sur les questions qui touchent l’itinérance. Il est plus que jamais nécessaire d’apporter une pluralité de réponses à des besoins qui sont multiples, en concordance avec l’approche globale et en réelle concertation avec l’ensemble des organismes communautaires. Afin de poursuivre et d’intensifier son action, la prochaine administration municipale doit agir aussi bien en prévention qu’en apportant des solutions adaptées d’accompagnement et de sortie de l’itinérance. 

Pour ce faire, le RAPSIM appelle tous les partis municipaux à s’engager sur nos 7 revendications émanant des 5 thématiques suivantes:

Hébergement communautaire et d’urgence

Contexte : Comme l’ensemble des partenaires impliqué.es dans la lutte à l’itinérance à Montréal, le RAPSIM constate d’énormes trous de service en matière d’hébergement adapté, particulièrement pour les femmes, dont les femmes trans, les personnes LGBTQ+, les jeunes, les personnes qui consomment, les autochtones et les personnes vivant avec des difficultés importantes de santé mentale. En effet, les refuges d’urgence développés à grande échelle ne sont pas adaptés aux besoins de ces personnes, qui souvent sont exclues ou ne s’y sentent pas en sécurité. De plus, une place en refuge d’urgence est de plus en plus conditionnelle à une démarche d’accompagnement vers un logement privé. Or, pour de nombreuses personnes, intégrer un logement n’est pas une réponse adaptée ou envisageable. 

Il est nécessaire de développer des réponses d’hébergement communautaire et d’urgence à travers tout le territoire montréalais et selon les besoins identifiés localement afin d’éviter de forcer les personnes à se déplacer vers d’autres quartiers et ainsi briser le filet de sécurité et les réseaux informels auxquels elles ont accès. Nous rappelons également que les besoins d’hébergement ne se limitent pas aux grands froids de l’hiver ni aux canicules mais sont présents à l’année, il est temps de sortir de cette logique d’urgence et d’offrir des réponses pérennes.

Les personnes en situation d’itinérance méritent d’avoir accès à des installations qui offrent de la dignité, où elles peuvent compter sur la présence et l’accompagnement d’intervenant.es, dans le respect de leurs droits et de leur rythme. Une offre d’hébergement communautaire et d’urgence pérenne, digne et non conditionnelle à une démarche en logement est donc à développer. 

Que les partis municipaux s’engagent à 

– soutenir et faciliter le développement de ressources pérennes d’hébergement communautaire et d’urgence 24-7, dignes et non conditionnelles à une démarche de transition vers le logement. Que ces hébergements soient adaptés aux multiples réalités et besoins qui sont partout à Montréal. 

Logement

Contexte: La disponibilité de logements sociaux, de logements privés réellement abordables et de maisons de chambres est primordiale pour les personnes à risque et en situation d’itinérance afin d’éviter la rue ou d’en sortir. Or, la crise du logement à Montréal n’est plus à démontrer. En situation de pauvreté, il est désormais presque impossible de se loger sans y passer la totalité de son revenu. 

Devant un marché locatif privé aussi hostile dans lequel les atteintes aux droits des locataires se multiplient, le besoin urgent de développer du logement social ne peut être plus clair. Les organismes communautaires continuent de laisser de côté des projets de développement de logement social pour les personnes en situation d’itinérance faute de fonds et de conditions nécessaires pour mener à terme ces projets. 

L’administration qui sera élue en novembre doit absolument prendre des engagements ambitieux et se saisir de sa responsabilité afin de développer du logement social à Montréal, notamment pour les personnes en situation d’itinérance. Les besoins en logement pour les femmes avec enfants, les personnes migrantes, les personnes autochtones, les personnes à mobilité réduite, les couples et les personnes qui consomment sont particulièrement criants. Montréal devra intensifier les pressions auprès des gouvernements supérieurs pour obtenir toutes les ressources (financières, législatives, humaines) nécessaires pour le développement de logements sociaux ainsi que pour le soutien communautaire adéquat dans les projets qui le nécessitent. 

Que les partis municipaux 

– se dotent de l’objectif de développer 22 500 logements sociaux en 5 ans, dont au moins 2500 pour les personnes en situation d’itinérance et réclament publiquement auprès des gouvernements supérieurs les investissements requis, dont toutes les sommes nécessaires pour le soutien communautaire.   

Droit de cité et judiciarisation

Contexte : Les enjeux de cohabitation et de partage de l’espace public sont plus que jamais d’actualité. Devant l’ampleur de la détresse et de l’itinérance chronique dans les rues, des initiatives citoyennes revendiquant un nettoyage social de leur quartier continuent à voir le jour. Bien que tou.tes reconnaissent le manque de réponses adaptées pour les personnes en situation d’itinérance, les citoyen.nes riverains, les commerçants et les élu.es changent de discours lorsque des ressources sont développées dans leur arrondissement et que l’enjeu d’itinérance devient plus visible. Dans ce contexte, nous constatons une recrudescence de la judiciarisation et de la surveillance des personnes en situation d’itinérance. Ainsi, le droit d’occuper l’espace public des personnes en situation d’itinérance est mis à mal, alors que contrairement aux citoyen.nes riverains, elles n’ont souvent aucunes autres alternatives. La prochaine administration doit réfléchir sérieusement et prendre action quant à une vision de la cohabitation sociale qui répond aux besoins de toutes les personnes habitant les quartiers, qu’elles soient logées ou non.

D’ailleurs, dans les dernières années, nous constatons une hausse importante de la judiciarisation des personnes en situation d’itinérance ainsi qu’une multiplication des démantèlements des personnes logeant dans des abris de fortune sans qu’aucune alternative adaptée et sécuritaire ne soit offerte. Cette façon de faire n’a pas d’autres résultats que de déplacer les personnes, de contribuer à leur isolement et compromettre leur sécurité.

Ces constats doivent pousser la future administration municipale à mettre de l’avant un message fort protégeant le droit des personnes en situation d’itinérance d’occuper l’espace public. Il est en effet de la responsabilité de la Ville de Montréal de rappeler ce droit inaliénable et de mettre en place des pratiques qui prennent en compte la voix et la participation des personnes concernées dans la recherche de solutions qui les impactent.

Que les partis municipaux s’engagent à 

– mettre en place des actions en matière de cohabitation sociale qui reflètent une reconnaissance du droit des personnes en situation d’itinérance à occuper l’espace public, au même titre que pour les citoyen.nes riverain.es. 

– reconnaître et soutenir l’expertise des organismes communautaires qui œuvrent en réduction des méfaits, en travail de rue et en pair aidance, notamment lorsqu’il s’agit de réfléchir et mettre en œuvre des projets de médiation sociale solidaires et respectueux des besoins et intérêts des personnes en situation d’itinérance.

Financement

Contexte: Les organismes communautaires, particulièrement ceux qui œuvrent en santé et services sociaux, font face à une pénurie de personnel jamais vue précédemment. Pour plusieurs, il est de plus en plus difficile de garantir leurs activités alors que le nombre de personnes précarisées qui frappent à leur porte est en constante augmentation. La situation liée à la COVID-19 n’a fait qu’exacerber les problèmes de rétention de personnel que vivaient déjà les organismes communautaires, incapable de concurrencer avec les conditions salariales offertes dans le réseau de la santé.

L’administration municipale qui sera élue en novembre doit reconnaître l’apport unique des organismes communautaires œuvrant en itinérance à Montréal en mettant en place des conditions leur permettant de maintenir et de pérenniser les programmes essentiels qu’ils développent pour répondre aux besoins. Une collaboration active et respectueuse accompagnée d’une vision à long terme du travail essentiel porté par le communautaire est nécessaire afin de s’assurer que les besoins des personnes en situation d’itinérance soient pris en compte de manière durable.

Que les partis municipaux s’engagent à 

– tripler le financement dédié aux organismes communautaires en itinérance pour atteindre un montant annuel de 9 millions de dollars.

– signer des ententes de 3 ans avec les organismes financés.

Racisme et discriminations systémiques

Contexte: À Montréal, les autochtones et les personnes LGBTQ+ parmi les jeunes en situation d’itinérance sont surreprésentés. Les spécificités au niveau des réalités et des besoins propres à ces populations, comme celles des femmes, des personnes migrantes, tardent à être reconnues. Malgré des vécus, des réalités et des besoins différents, toutes ces populations ont en commun de devoir faire face aux discriminations et aux violences systémiques. Elles sont victimes de racisme, de sexisme, d’homophobie et de transphobie et cela marque leur parcours de vie et leur vécu dans la rue. 

Le RAPSIM constate un manque criant de ressources adaptées aux réalités et aux besoins de ces populations marginalisées que ce soit au niveau du logement, de l’hébergement d’urgence et communautaire ou encore en matière d’accès à des soins de santé. Les organismes communautaires travaillant auprès de ces populations se butent à des financements insuffisants et inadaptés, les empêchant d’agir à leur pleine capacité. 

La prochaine administration municipale doit reconnaître le racisme systémique et les discriminations structurelles qui perdurent à Montréal. Plus encore, il est nécessaire d’agir consciemment afin de réduire les impacts de ces discriminations structurelles sur les personnes concernées, et ce dans toutes les actions en itinérance. 

Que les partis municipaux s’engagent à : 

– Reconnaître le racisme et les discriminations systémiques et s’assurer que toutes les actions de lutte à l’itinérance mises en place en tiennent compte et réduisent au maximum les impacts de ces injustices sur les personnes concernées.