Annonces de la ville en matière d’hébergement d’urgence pour les personnes en situation d’itinérance : loin d’être une bonne nouvelle juge le RAPSIM

Montréal, le 27 août 2020 – Le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) déplore les fermetures successives des mesures temporaires mises en place pour faire face à la pandémie de COVID-19 et juge insuffisantes les annonces faites, en matière d’hébergement pour les personnes en situation d’itinérance, par la ville en conférence de presse ce matin. 

Alors que les besoins n’ont pas diminué, en pleine crise du logement, en crise sanitaire et alors l’épidémie de surdoses est en recrudescence, l’offre associée aux mesures temporaires qui était de 800 à 850 lits sur une dizaine de sites diminue drastiquement. À présent, la ville mise sur tout au plus 350 lits supplémentaires jusqu’en mars 2021. 

Bien que le RAPSIM salue la mise en place d’un service adapté aux personnes Autochtones, les besoins d’urgence spécifiques des femmes, des jeunes, des personnes trans et des personnes utilisatrices de drogues ne sont pas adressés.

Parmi les mesures prévues, le projet de Royal Victoria qui comprend la majorité des places annoncées par la ville mise sur la transition vers le logement et les critères d’admissibilité sont beaucoup trop restrictifs. Pour y accéder, il faut répondre à une panoplie de critères tels que: 

  • La consommation d’alcool et de drogues soit jugée sous contrôle
  • Il ne faut pas avoir de dossier à la régie du logement
  • Il faut être citoyen canadien et avoir habité à Montréal 12 mois dans les 2 dernières années, etc.

Un tel service ne répond pas aux besoins de la plupart des personnes en situation d’itinérance.

Le 30 juillet dernier, lors de la fermeture de la seule ressource temporaire qui accueillait exclusivement des femmes, une dizaine de femmes ont été laissées sur le trottoir sans alternative. Ces femmes n’étaient pas jugées admissibles au Royal Victoria.

L’aréna Camilien Houde a fermé ce matin, l’aréna Francis Bouillon ferme le 31 août, date qui marque également la fin des services alimentaires. Les nouveaux hébergements annoncés ne seront en mesure de répondre à l’ensemble des besoins, leur concentration dans certains secteurs de la ville contribuera à creuser le trou de services dans les territoires non-desservis.

Face à cette situation, il ne faut s’étonner de voir émerger des campements sur l’ensemble du territoire de l’île de Montréal. Au lieu de chercher des solutions pérennes et appropriées, la ville démantèle ces installations pour invisibiliser les personnes qui y vivent.

Le RAPSIM et ses membres sont très préoccupés, comment justifier cette diminution des services dans les circonstances actuelles? Sans oublier que l’hiver arrivera rapidement et que le Royal Victoria faisait office d’unité de débordement d’urgence depuis les dernières années, où seront donc logées les personnes en situation d’itinérance cet hiver?

La Ville parle de collaboration exemplaire avec le milieu communautaire. Au RAPSIM, nos 112 groupes membres qui offrent des services en réduction des méfaits, en hébergement, en santé, en travail de rue, etc. ne partagent pas cet avis. Ils déplorent plutôt le manque d’écoute des instances décisionnelles depuis le début de la crise.

Dans son allocution d’aujourd’hui, la mairesse n’a pas fait mention de ce que son administration comptait faire pour réduire par exemple, les délais d’attentes pour l’obtention de permis de toutes sortes pour les organismes communautaires ayant développé différentes formules de logement social adapté aux besoins de populations spécifiques. Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux n’a pas n’ont plus parlé du financement qui se fait toujours attendre pour le soutien communautaire en logement social. 

Encore une fois, on nous propose des solutions temporaires et insuffisantes.

Source : 
Annie Savage
Directrice par intérim du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM)
cellulaire: 438-885-7904
annie.savage@rapsim.org