Un Montréal en manque de solidarité

21 août 2024

Article publié dans le Devoir le mardi 27 août

Les organismes communautaires en itinérance à Montréal travaillent jour après jour pour offrir des ressources adaptées aux personnes les plus marginalisées de notre société. Centres de jour, repas chaud, haltes fraîcheur par temps de canicule et haltes chaleur en hiver, travail de rue, services mobiles qui sillonnent nos quartiers, banques alimentaires, sites de consommation supervisés, logements sociaux et communautaires, refuges… la qualité des ressources dans notre métropole est exceptionnelle. Les travailleurs et travailleuses du communautaire se démènent toute l’année pour s’assurer que les droits des personnes qui vivent une situation d’itinérance soient respectés. Comme chacun d’entre nous, ces personnes ont droit à un logement, à la sécurité, ont droit d’avoir accès à des services de santé adaptés, ont droit de jouir de l’espace public et d’exister dans la ville. Les organismes défendent ces droits et touchent des milliers de personnes : ils sont indispensables pour des centaines de ménages dans notre ville et nos quartiers.

Alors que d’un côté, les organismes étirent leurs capacités au maximum et font preuve d’imagination et de flexibilité pour offrir les meilleures ressources possibles, de l’autre, des déclarations incendiaires alimentent l’intolérance envers les populations en situation d’itinérance et ajoutent de l’huile sur le feu du phénomène « pas dans ma cour ». Que des élus s’opposent aux ressources communautaires qui offrent des ressources indispensables à leurs propres citoyens est inacceptable. L’itinérance visible est en augmentation, c’est une réalité avec laquelle les élus vont devoir composer dans les prochaines années et qu’ils vont devoir naviguer avec précaution. Alors que les yeux sont tournés vers la situation à la Maison Benoît Labre, la même intolérance se reproduit dans plusieurs autres quartiers de Montréal – la fermeture de ces ressources serait dévastatrice pour les personnes déjà marginalisées.

Bien sûr que les préoccupations des personnes domiciliées sont valides, importantes et bien réelles, mais nous ferions bien de ne pas oublier que les personnes qui habitent l’espace public sont aussi membres de nos communautés et ne devraient pas être la cible de propos stigmatisants et déshumanisants de la part de nos représentants politiques. Les déclarations discriminatoires répétées dans les médias alimentent la haine et la violence envers les populations vulnérables et sont complètement irresponsables et dangereuses.

C’est quoi la solution, alors? Une baguette magique en itinérance, ça n’existe pas, comme l’a déjà souligné l’administration municipale. L’itinérance, c’est le croisement et la superposition d’enjeux complexes, qui doivent être abordés en amont et en urgence, le tout en concertation et en collaboration intersectorielle et intergouvernementale. Compliqué? Oui! Impossible? Non! De belles choses peuvent sortir de nos collaborations: des idées innovantes, des partenariats surprenants, des solutions improbables, des solidarités insoupçonnées et des histoires humaines remplies de succès. Lorsque le municipal, le provincial et le communautaire s’assoient côte à côte et travaillent ensemble pour trouver des pistes de solution, de beaux projets émergent. On le sait, on l’a déjà fait, ensemble.

Ce qu’il nous faut de la part des élus à Montréal présentement, ce n’est pas plus de division, c’est plus de solidarité! C’est ce que nous demandons à nos élus et à nos concitoyens et concitoyennes – soyons unis autour de cette table et attaquons-nous aux causes profondes de l’itinérance et non aux personnes qui la vivent!