Itinérance et périnatalité : une réalité dans l’angle mort

Par Myriam Daigneault

Lina a 29 ans. Elle habite avec son conjoint de qui elle subit de la violence conjugale depuis plusieurs années. Il y a trois mois, ils ont reçu une notice d’éviction. Le 1er juillet arrive et le couple n’a pas les moyens de se trouver un appartement abordable sur le marché. À quelques jours de leur expulsion, Lina découvre qu’elle est enceinte. Devant la situation qui se complique, son conjoint décide de l’abandonner. Lina n’a pas de famille proche ou encore d’amis fiables chez qui elle pourrait se déposer le temps de trouver un logement sécuritaire et salubre. Elle se retourne donc vers les hébergements d’urgence. Lina a peur, c’est la première fois qu’elle se retrouve dans cette situation. Elle craint qu’on la dénonce à la DPJ si elle partage aux intervenant.es qu’elle est enceinte. Après tout, elle sait ce que représente le fait de vivre en centre jeunesse ou en famille d’accueil: elle ne veut pas que son enfant vive la même chose qu’elle. Après plusieurs heures à passer des appels pour trouver une place pour la nuit, elle est finalement admise dans un hébergement où elle dormira dans un lit de dortoir avec dix autres femmes. Par chance, elle peut y rester aussi longtemps qu’elle en a besoin, le temps de se trouver un milieu de vie plus stable. 

Les semaines passent et Lina vit dans l’angoisse : elle ne peut pas manger à sa faim, elle dort mal sur un matelas très dur et les femmes ne lui inspirent pas confiance, à l’exception de sa voisine de lit avec qui elle tisse un lien d’amitié. Avec le stress, elle recommence aussi à boire de l’alcool qu’elle avait arrêté depuis les derniers mois.

Un matin, Lina se sent fiévreuse et affaiblie. Elle tousse. À la suite de complications d’un virus contracté dans son lieu d’hébergement, elle doit être transférée à l’hôpital. Alors qu’elle rencontre le médecin, elle prend son courage à deux mains et décide de lui confier qu’elle est enceinte et qu’elle s’inquiète pour son bébé. En comprenant qu’elle est sans domicile fixe, le médecin semble mal à l’aise. Il commence à lui poser des questions: est-ce qu’elle consomme? Est-ce qu’elle fait du travail du sexe? Pourquoi n’a-t-elle pas choisi de se faire avorter si elle est dans la rue? 

En revenant à son hébergement, Lina s’effondre en larmes. C’est alors qu’elle s’ouvre pour la première fois aux intervenant.es sur place, qui l’accueillent et tentent de la rassurer malgré l’incertitude de sa situation. Durant les semaines qui suivent, l’équipe essaie de trouver un endroit plus sécuritaire pour qu’elle poursuive sa grossesse, mais sans succès: les hébergements pour femmes avec enfants sont pleins, la liste d’attente pour avoir un HLM prendra des années, et certains endroits refusent même les femmes enceintes en affirmant ne pas pouvoir leur assurer la sécurité nécessaire. 

Les mois passent et le ventre de Lina grossit. Les autres résidentes la regardent du coin de l’œil. Certaines l’ont même insulté, lui disant qu’elle ne mérite pas d’avoir d’enfant parce qu’elle est dans la rue. Pourtant, Lina a hâte de rencontrer celui qu’elle appelle «son petit miracle». Pour elle, son futur bébé est le signe d’une vie nouvelle qui commence malgré les difficultés, une chance de continuer autrement. À la veille de son accouchement, elle doit toutefois se faire à l’idée qu’elle ne pourra pas le garder, du moins pas avant qu’elle ne se trouve un milieu stable. Une fois qu’elle aura donné naissance, elle ne pourra pas rester dans son hébergement actuel: c’est un hébergement pour femmes seules. Lina se retrouve encore une fois vers l’inconnu. 


Des expériences invisibilisées

La situation de Lina est loin d’être exceptionnelle et ne représente qu’un seul exemple des trajectoires de grossesses vécues en situation d’itinérance. Pourtant, les mots «grossesse», «enceinte» et «maternité» sont absents des plans d’action interministériels en itinérance au Québec. Dans l’espace public, on parle de la grossesse vécue en situation d’itinérance de manière anecdotique, comme lorsqu’une jeune femme de Gatineau a donné naissance seule dans une tente de parc (Teisceira-Lessard 2023). Autrement, ces parcours et ces histoires demeurent invisibilisés, tant dans la littérature scientifique que dans l’imaginaire collectif. 

Si on reconnaît un peu plus les réalités de l’itinérance au féminin1 et particulièrement de l’itinérance cachée (Bellot 2020), l’expérience de la maternité, elle, demeure très souvent passée sous silence. Très peu de recherches se penchent sur le sujet au Québec (p.e. Baret et Gilbert 2015; Morisseau 2023). Pourtant, dans leurs travaux, Fournier et al. estiment «qu’entre 40% et 60% des femmes en situation d’itinérance sont des mères, dont la moitié des enfants seraient âgés de moins de 6 ans» (2022: 8). Combien de personnes attendent donc un enfant ou donnent naissance dans un tel contexte? La vérité est qu’au Québec, leurs parcours ne font l’objet d’aucune attention particulière hors du milieu
communautaire. 

La question est abordée en surface ou est mentionnée dans certaines recherches scientifiques sur l’itinérance au féminin, sans s’y attarder complètement (p.e. dans Gélineau 2008). La seule étude à s’être penchée directement sur cet épiphénomène date de 2005 et s’intéressait à l’expérience de la grossesse et de la contraception chez les jeunes filles de la rue (Haley et al. 2005). 

Mais qu’en est-il de tout le reste? Qu’en est-il de la complexité de s’alimenter, de dormir, de se laver, de consommer, de travailler, d’avoir des relations conjugales ou amicales, de faire concorder ses rendez-vous de suivi périnatal avec les couvre-feux des hébergements (ou tout simplement de s’y rendre), tout en étant enceinte? Quel sens donnent les femmes à la venue d’un enfant dans ce contexte? Quels sont leurs rêves, leurs craintes? Comment se négocient les réalités de la rue avec leur grossesse? Quel accès ont-elles aux services et comment y sont-elles reçues? 

Des réflexions qui émergent tardivement

Alors que l’intérêt pour ces questions est encore en éveil au Québec, plusieurs villes canadiennes en sont déjà très conscientes. La ville de Toronto adresse cet enjeu depuis plus de deux décennies, estimant que le nombre d’enfants qui y naissent sans adresse fixe s’élève à environ 300 chaque année, nombre qui ne cesse d’augmenter depuis 1998 (Bernstein, 2013). Pour répondre à ce qu’elle considère comme un enjeu de santé publique, la capitale ontarienne a mis sur pied un programme visant à intervenir directement auprès des femmes étant ou risquant d’être en situation d’itinérance: le programme HARP (Homeless At Risk Prenatal) réunissant cinq infirmières en santé publique et deux diététiciennes spécifiquement dédiées (City of Toronto 2017). Grâce à des initiatives communautaires, la ville est aussi munie du réseau Young Parents No Fixed Address (YPNFA). Le YWCA2 de la ville d’Hamilton a annoncé que trois de leurs lits seraient financés de manière permanente pour accueillir les femmes et des personnes de la diversité de genre enceintes et en situation d’instabilité résidentielle (2023).

À Moncton au Nouveau-Brunswick, le même organisme reconnaît un lien direct entre la capacité des femmes à conserver la garde de leur enfant et la disponibilité des logements dans la région (Savoie-Brideau 2024). Un ensemble de recherches à l’international font état des mêmes réalités et s’attardent aux expériences sociales, sanitaires, affectives, identitaires et économiques des personnes enceintes et sans-abri (p.e. Cronley et al. 2018; Ervin et al. 2022 ; Kennedy et al. 2014; McGeough et al. 2020; Robrecht et Anderson 1998; Sznajder-Murray et Slesnick 2011; Wood et Bogoias 2022). 

Le Québec semble en ce sens bien en retard: il n’y existe aucune tentative de dénombrement des grossesses vécues en situation d’itinérance ou de documentation des expériences des personnes qui les vivent. Les initiatives s’adressant spécifiquement aux personnes enceintes sans domicile fixe sont donc quasi inexistantes. Elles demeurent dans un angle mort des réalités de l’itinérance.

Des services inexistants ou fragmentés

À travers la province, il n’existe pas d’organisme, d’hébergement ou même de projet entièrement dédié à l’accompagnement des personnes enceintes et en situation d’itinérance. Afin de ne pas tomber dans la rue et potentiellement perdre la garde de leur enfant (ou éventuellement de leur enfant à naître), beaucoup d’entre elles sont donc forcées de demeurer dans un milieu insalubre ou violent. 

Les ressources disponibles visent le plus souvent les enjeux de périnatalité ou les enjeux d’itinérance, mais rarement les deux simultanément. Les femmes se tournent donc vers le réseau des hébergements d’urgence, allant d’un lit en dortoir pour quelques nuits à un appartement supervisé pour quelques années. Les organismes offrant des séjours prolongés et des programmes mère-enfant sont plus susceptibles d’accepter les femmes enceintes, mais sont difficiles d’accès puisque peu nombreux et très sollicités. 

Le plus souvent, celles-ci doivent donc naviguer entre des ressources aux vocations (p.e. hébergements pour victimes de violence conjugale, hébergement pour personnes en difficulté, etc.) et aux règlements variables (horaires, bagages permis, coût de séjour, démarches à entreprendre, distance de leur quartier d’origine, etc.). Leur grossesse est parfois même gardée secrète, par peur du jugement et puisque certains hébergements refusent les personnes enceintes pour des raisons de «sécurité».

Au sein même des hébergements d’urgence, les connaissances sur la période périnatale sont limitées, considérant la multitude de réalités auxquelles font face les équipes d’intervention au quotidien. Les savoirs sur la santé de la personne enceinte et du fœtus ainsi que les implications du service de protection de la jeunesse y demeurent donc souvent fragmentaires.

Les services qui existent pour accompagner les personnes enceintes et en situation d’itinérance sont plutôt externes : infirmières et médecins en milieu communautaire ou institutionnel, sages-femmes, aide en toxicomanie, aide pour les travailleuses du sexe, équipes de proximité, aide alimentaire, etc.3 Malgré ces initiatives, les équipes qui accompagnent les personnes enceintes se retrouvent souvent impuissantes, peinant à assurer aux femmes une simple place en hébergement durant et après leur grossesse. 

Il existe donc de grandes fractures dans la continuité des services offerts, défis avec lesquels les équipes d’intervention en itinérance tentent de composer jour après jour en développant leurs propres approches. Par exemple, certains milieux sont plus flexibles sur la durée des séjours, sur les repas accordés ou se débrouillent pour obtenir du matériel afin d’offrir plus de confort aux femmes (p.e. des coussins supplémentaires), tout en sachant qu’il faudrait beaucoup plus pour répondre à leurs besoins réels.  

Des parcours et des voix plurielles 

Si l’itinérance est complexe et multivocale, la maternité et la grossesse le sont également. Les personnes enceintes et en situation d’itinérance ne forment pas un bloc monolithique. Elles ont des parcours et des voix plurielles, tout comme le sont leurs besoins et leurs aspirations face à leur grossesse et à leur vie de manière générale.

Le croisement des réalités de la grossesse et de l’itinérance doit donc être appréhendé à travers une loupe intersectionnelle prenant en compte l’âge, la race, les réalités des personnes autochtones et des Premières Nations, le statut migratoire, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, la religion, les enjeux de santé physique et mentale, les enjeux de dépendance, tout comme les réalités de handicap physique ou intellectuel des individus. 

Prendre en compte ces contextes et identités multiples permet de se distancer d’un discours individualisant et pathologisant d’une maternité «marginale» (ici vécue en situation d’itinérance) qui serait réductrice. Reconnaître les pressions structurelles et institutionnelles qui pèsent lourd sur la santé reproductive des individus nous oblige à penser la maternité (ou plutôt les maternités) hors de la binarité «bonne ou mauvaise mère en situation d’itinérance». Si les recherches abordent généralement les impacts de l’itinérance en termes de protection de l’enfance et de conséquence sur la santé du binôme mère-fœtus, il est donc primordial d’y réfléchir aussi dans leur contexte socio-économique (crise du logement, augmentation du coût de la vie, pauvreté intergénérationnelle, etc.). 

La grossesse vécue en situation d’itinérance nécessite une attention globale qui prend en compte le point de vue direct des personnes concernées: les personnes enceintes et les équipes qui les accompagnent sur le terrain. Une chose est certaine, c’est que le besoin de ressources dédiées et d’une meilleure continuité des services se fait sentir sur le terrain.

  1. 1. Dans le cadre de cet article, les termes « féminin » et « femme » sont utilisés puisqu’ils reflètent un biais de la littérature et des statistiques actuelles. Il importe cependant de reconnaître la grossesse et la parentalité vécue hors d’un cadre cisgenre et hétéronormatif qui peuvent être sujets d’une forte marginalisation et stigmatisation. ↩︎
  2. 2. Y des femmes ↩︎
  3. 3. On peut aussi penser aux centres de ressources périnatales (CRP) qui adoptent une approche multidisciplinaire. Il est important de mentionner que la grossesse vécue en situation d’itinérance fait souvent l’objet de forts préjugés et de stigmatisation qui influencent l’accès à ces soins et l’expérience de ces services. On pourrait notamment se pencher sur la question des violences obstétricales vécues en contexte d’itinérance par exemple. ↩︎

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Un organisme « Dans votre cour » depuis 35 ans : Le Refuge des Jeunes de Montréal

En 1987, l’ONU décrète l’Année internationale du logement et des sans-abri. Je travaillais alors aux Maisons de l’Ancre, une ressource d’hébergement pour femmes en difficulté. J’étais codirectrice et intervenante. Je m’intéressais beaucoup à la question plus globale de l’itinérance et à ses causes. À l’époque, c’était un phénomène pas très connu et davantage associé aux hommes d’un certain âge – les «clochards alcooliques du bas de la ville», comme on les appelait dans les années 1970… Ils fréquentaient notamment l’Accueil Bonneau et la Maison du Père. Quant aux femmes, elles étaient beaucoup moins nombreuses et peu visibles. Elles étaient accueillies notamment dans des maisons comme le Chaînon, la Maison Marguerite, les Maisons de l’Ancre… L’empreinte religieuse y était très marquée. À partir de 1986, j’ai été impliquée au sein d’un regroupement de défense de droits, le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM). J’étais membre du comité «Jeunes itinérants», qui regroupait des intervenants du milieu communautaire et du CLSC Centre- ville. C’est à partir des travaux de ce comité que le constat du manque de ressources pour jeunes en difficulté a été établi. Il y avait bien quelques maisons d’hébergement à Montréal et ailleurs au Québec pouvant accueillir ces jeunes, mais on y assortissait un ensemble de conditions auxquelles ils n’étaient pas toujours en mesure de répondre: sobriété, plan de réinsertion, traitement et/ou médication (dans le cas où ils auraient eu des problèmes de santé mentale), participation à la vie et aux tâches de la maison. Pour toutes sortes de raisons, des jeunes n’étant pas admissibles se retrouvaient dans la rue. En 1987, nous avons estimé, à vue de nez, qu’entre 200 et 300 jeunes avaient transité dans la rue pour des périodes allant de quelques jours à quelques semaines pendant une année. Dans certains cas, il s’agissait de plus d’un passage dans la rue. Une grande partie d’entre eux (un sur deux) avaient été pris en charge auparavant par les centres jeunesse. Bon nombre n’avaient pas de revenus ou alors un très faible montant d’aide sociale (autour de 175 dollars par mois), et n’étaient donc pas en mesure de se louer un appartement ni même une chambre. C’est à partir de ces constats que nous est venue l’idée de développer un projet d’hébergement d’urgence avec un minimum de conditions à l’entrée. À l’époque, le RAPSIM recommandait l’implantation d’un projet de dernier recours pour « jeunes itinérants ». Il était question de 25 lits. Consultations et travaux ont été menés par le Réseau d’aide et ses membres, notamment avec les pasteurs du Plateau Mont-Royal, la Société d’habitation du Québec, le Service de développement communautaire de la Ville de Montréal et l’Archevêché de Montréal. Dans la foulée de ces démarches, en 1988, la Corporation Refuge de Montréal a vu le jour, avec la formation de son conseil d’administration provisoire composé de religieux, d’intervenants, d’un avocat et d’un jeune. Des démarches en vue de l’achat d’un immeuble ont été entreprises en collaboration avec la Ville de Montréal, qui s’engageait à nous offrir des locaux, engagement qui n’a pas été tenu. Une demande de financement avait été déposée au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), qui nous l’avait accordé.  C’est en 1989 que, faute d’avoir trouvé un lieu, et à la suite d’une entente avec l’Archevêché, le Refuge des Jeunes s’est installé dans les locaux de l’Abri des jeunes. L’Archevêché nous a cédé le mobilier et les installations ainsi qu’un montant de 60 000 dollars. La directrice de l’Abri des jeunes, sœur Louise Bégin, de la congrégation Notre-Dame, a accepté de rester en poste un an, assurant ainsi la transition. De 75 lits, nous sommes passés à 45 et nous avons réduit l’âge d’accueil de 18 à 25 ans, au lieu de 18 à 30 ans. Nous souhaitions ainsi offrir un accueil plus personnalisé. Il y avait aussi d’autres ressources, dont la Maison du Père, qui pouvaient accueillir les jeunes de plus de 25 ans. Après consultation du milieu et des jeunes, nous avons décidé d’accueillir des hommes seulement, compte tenu du fait qu’il y avait peu de femmes dans la rue et que la mixité n’était pas souhaitée par les jeunes, autant garçons que filles. Il faut dire aussi que des installations en refuge posent des défis de mixité et d’intimité. Les premières années, nous avons été ouverts huit mois par année, faute de revenus suffisants. Il fallait donc trouver des solutions, car les besoins se faisaient sentir à l’année. La nécessité de l’autofinancement s’est donc imposée, puisque nous étions menacés de fermeture. De là nous est venue l’idée du Show du Refuge qui en est à sa 33e édition. Par la suite, de nombreux efforts et stratégies ont dû être déployés afin d’assurer notre financement à hauteur de 60% de notre mission globale puisque le soutien de l’État a été et demeure toujours insuffisant pour l’ensemble des organismes communautaires.  Trente-cinq ans plus tard, le Refuge est propriétaire d’un immeuble de 45 places d’urgence, dispose d’un Centre de jour, a mis sur pied en 1989 un Projet de logements sociaux avec soutien communautaire et s’apprête à développer un deuxième Projet de logements sociaux de 20 unités.  Des milliers de bénévoles et des centaines d’intervenant·es ont contribué à l’accueil de jeunes hommes en difficulté afin d’améliorer leurs conditions de vie. Ils ont été près de 25 000 à franchir les portes du Refuge en 35 ans.  En dépit de toutes ces réalisations, en partenariat avec de nombreux autres organismes communautaires, la crise de l’itinérance gagne du terrain.  Plus que jamais, c’est aux causes structurelles de production de l’itinérance qu’il faut s’attaquer.  Les crises nous révèlent à nous-mêmes dans notre fragilité, mais aussi dans nos forces créatrices de mobilisation et d’espoir. Si la crise actuelle est différente des autres, elle forcera peut-être un véritable changement. Il est à bâtir, là, devant nous.  Extrait du livre  «Le Refuge des Jeunes de Montréal : Trente ans en pays de l’itinérance ou la douleur de la soie» de France Labelle ____En savoir plus sur Refuge des jeunes de Montréal