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Par Groupe Information Travail


Au début des années 1980, les membres du regroupement ont identifié un manque crucial de ressources en employabilité et ont réclamé un projet d’aide à l’emploi destiné aux personnes en situation ou à risque d’itinérance. Le G.I.T. est donc né de cette concertation entre partenaires du milieu et, depuis plus de 35 ans, il soutient les personnes éloignées du marché du travail en les aidant à développer leur employabilité. Au fil du temps, la situation s’est malheureusement aggravée, avec une augmentation du nombre de personnes en situation de précarité et d’itinérance. Face à cette réalité grandissante, le G.I.T. a continué d’adapter ses services pour répondre aux besoins toujours plus pressants. 

«Je suis resté motivé tout au long du programme. Les intervenants m’ont accueilli et soutenu de manière exceptionnelle ce qui m’a permis de retrouver suffisamment de confiance en moi pour m’inscrire à l’école.» 
-Paul-Benoît, Participant PPE


Plusieurs facteurs combinés ont contribué à une aggravation de la précarité et ont forcé des organismes comme le G.I.T. à adapter leurs services pour mieux répondre aux besoins toujours croissants : crises économiques répétées, logement de plus en plus cher, croissance des emplois précaires, coupures dans les services sociaux, augmentation des cas de troubles de santé mentale non traités… 

Le programme fondateur de l’organisme, le Programme préparatoire à l’emploi (PPE), a évolué au fil des années pour s’adapter aux besoins des participants en quête d’autonomie par l’intégration au marché du travail. Grâce à des ateliers de groupe et des rencontres individuelles avec des intervenant·es socioprofessionnel·les, des milliers de personnes vulnérables ont pu renforcer leur estime de soi et acquérir les compétences recherchées par les employeurs, leur permettant ainsi de croire en leurs chances de trouver un emploi. 

Depuis 2002, le G.I.T. a développé un volet d’économie sociale visant à offrir des expériences de travail adaptées et rémunérées aux personnes en situation d’exclusion, dans le cadre de contrats de service réels. Nos plateaux de travail simulent des environnements professionnels, permettant aux participants de s’adapter aux difficultés rencontrées dans la réalisation de leurs tâches ou le respect des règles, ce qui facilite leur transition vers le marché du travail. 

«Je suis arrivé au G.I.T. avec l’idée préconçue que seuls quelques-uns faisaient face à des problèmes comme l’itinérance et la pauvreté. Avec le temps, j’ai réalisé que cela aurait pu être moi, cherchant une main tendue et une seconde chance. Je ne pensais jamais ressentir ce rejet et cette aliénation. Il est parfois difficile de trouver autour de soi des exemples de générosité, de compassion et d’entraide. Le monde semble glacial et impitoyable quand on perd foi en soi et en les autres. C’est alors que l’on comprend à quel point un geste d’humanité, une initiative comme celle du G.I.T., est vitale et donne un visage humain à notre société. C’est un rappel à l’humilité et une démonstration que chacun mérite une seconde chance.» 
– Pierre, intervenant socioprofessionnel

Cependant, la situation d’itinérance engendre des obstacles significatifs qui entravent l’accès à l’information relative aux offres d’emploi ou de formation. Les personnes en situation d’itinérance peuvent éprouver des difficultés à naviguer dans les ressources disponibles, en raison de la précarité de leur situation et du manque de stabilité dans leur quotidien. Cette réalité souligne l’importance d’adapter les méthodes de communication et de diffusion des opportunités, afin de garantir un accès à des informations pertinentes et à des programmes de soutien qui les aideront à se réinsérer professionnellement. 

«L’action incontournable du Groupe Information Travail (G.I.T.) contre l’itinérance croissante à Montréal se reflète dans les témoignages des participants aux différents programmes offerts par l’organisme, qui partagent les bénéfices qu’ils en tirent. Comme l’indique la mission du G.I.T., les individus à risque ou en situation d’itinérance subissent un rejet social, ce qui complique leur réintégration dans une vie sociale stable et équilibrée. À travers des formations axées sur le développement personnel, nous les aidons à reprendre confiance en eux, à identifier leurs forces et faiblesses, à faire preuve de résilience et à comprendre que la discrimination est souvent une action inconsciente. En somme, le G.I.T. est pleinement conscient de la lourde mission qu’il mène et travaille constamment à trouver ou développer des ressources et des partenariats pour permettre aux personnes visées de retrouver rapidement une autonomie durable.» 
– Valère, intervenant socioprofessionnel

C’est pourquoi le G.I.T. collabore étroitement avec ses partenaires-clients ainsi qu’avec divers acteurs sociaux pour proposer des initiatives. Ces actions s’inscrivent dans une démarche proactive de prévention et de réduction de l’exclusion sociale et professionnelle, tout en créant des opportunités d’insertion durable et en luttant contre la marginalisation des individus vulnérables. 

Le G.I.T. collabore avec de nombreux organismes complémentaires dans un continuum de services pour favoriser l’inclusion socioprofessionnelle. L’équipe d’intervention travaille en étroite collaboration avec des maisons d’hébergement, des refuges, des centres de désintoxication et des professionnels des services sociaux, afin de mieux répondre aux besoins de leur clientèle commune. 

«Ouvrir une porte d’accueil et sentir que je vais enfin pouvoir m’en sortir m’a permis de reprendre confiance en moi, un atout essentiel dans ma recherche d’emploi. J’ai retrouvé mon estime de soi et compris les mécanismes de la recherche d’emploi.» 
– Philippe, Participant PPE 

Pendant leur parcours au sein de l’organisme, les participants prennent conscience de leurs compétences, de leurs motivations et de leur potentiel à intégrer un emploi. Cependant, l’expérience de travail va au-delà de cela. Elle leur permet de s’immerger dans un cadre d’organisation significatif au quotidien. De plus, ils accèdent à un lieu de socialisation et d’épanouissement personnel, ainsi qu’à des opportunités d’apprentissage du savoir-être. Ces éléments ont des effets positifs sur l’accès au logement, l’état de santé et la réduction des méfaits. 

«Le G.I.T. est un organisme positif et très humain. Il a renforcé la confiance en moi et m’a soutenu lorsque je n’avais plus rien après avoir subi de la violence conjugale. Ils m’ont fourni des références pour l’aide alimentaire et m’ont aidé à surmonter mes problèmes. Le personnel est exceptionnel, toujours à l’écoute, souriant et accueillant. L’ambiance est agréable, et ils savent gérer les situations difficiles avec les participants. Chapeau à cette belle équipe!» 
– Marie-Lyne, Participante PPE 

Bien que le logement soit une priorité essentielle, il est également crucial de reconnaître qu’il ne doit pas être la seule réponse pour lutter contre l’itinérance. En effet, une approche intégrée qui combine l’accès à un logement stable avec des programmes d’accompagnement et de formation professionnelle est indispensable pour favoriser une réinsertion complète et durable dans la société. 

Chaque année, le G.I.T. offre un accompagnement personnalisé à plus d’une centaine de personnes vulnérables sur le plan socioéconomique en leur proposant des ateliers de formation adaptés et une opportunité professionnelle valorisante. Cette approche vise non seulement à développer des aptitudes à la vie quotidienne essentielles à l’emploi, mais aussi à renforcer les compétences sociales, telles que la confiance en soi, la communication, la gestion du temps et la ponctualité. Cela facilite leur retour sur le marché du travail et leur permet d’accéder aux ressources essentielles pour une réinsertion professionnelle réussie. 

Le G.I.T. joue un rôle fondamental dans la construction d’une société plus inclusive et équitable, en répondant à des besoins spécifiques qui ne sont pas toujours couverts par les institutions publiques ou par le marché de l’emploi traditionnel. Nous offrons des solutions personnalisées qui prennent en compte les réalités complexes de chaque être humain. 

Les témoignages de nos participants et des membres de notre équipe illustrent clairement l’importance et les bienfaits d’un organisme dédié à l’employabilité pour les personnes en situation d’exclusion sociale et professionnelle. Il est temps à présent de leur laisser la parole! 

L’équipe du G.I.T. s’engage à développer ses capacités pour répondre à la demande croissante de ses services. 

«J’ai acquis une très belle expérience de travail que j’ai vraiment adorée. Cela m’a permis de me mettre en valeur et de redécouvrir mes qualités en tant qu’employée, surtout après plusieurs années sans emploi rémunéré…» 
– Nancy, Écolo-Boulot 

En 2024, l’augmentation exponentielle de l’achalandage a confirmé que nos services sont essentiels, mais nous avons malheureusement dû faire face à la réalité difficile de devoir refuser des personnes dans nos programmes. 

Nous croyons fermement que le travail doit être accessible à toutes et à tous, et constitue une solution importante dans la lutte contre la pauvreté. Nous nous engageons fièrement à concrétiser cette conviction. Le manque de financement ne doit pas devenir un obstacle à notre capacité de répondre aux besoins de la communauté afin de continuer à faire une différence, une personne à la fois.

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Plus de chroniques

Un organisme « Dans votre cour » depuis 35 ans : Le Refuge des Jeunes de Montréal

En 1987, l’ONU décrète l’Année internationale du logement et des sans-abri. Je travaillais alors aux Maisons de l’Ancre, une ressource d’hébergement pour femmes en difficulté. J’étais codirectrice et intervenante. Je m’intéressais beaucoup à la question plus globale de l’itinérance et à ses causes. À l’époque, c’était un phénomène pas très connu et davantage associé aux hommes d’un certain âge – les «clochards alcooliques du bas de la ville», comme on les appelait dans les années 1970… Ils fréquentaient notamment l’Accueil Bonneau et la Maison du Père. Quant aux femmes, elles étaient beaucoup moins nombreuses et peu visibles. Elles étaient accueillies notamment dans des maisons comme le Chaînon, la Maison Marguerite, les Maisons de l’Ancre… L’empreinte religieuse y était très marquée. À partir de 1986, j’ai été impliquée au sein d’un regroupement de défense de droits, le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM). J’étais membre du comité «Jeunes itinérants», qui regroupait des intervenants du milieu communautaire et du CLSC Centre- ville. C’est à partir des travaux de ce comité que le constat du manque de ressources pour jeunes en difficulté a été établi. Il y avait bien quelques maisons d’hébergement à Montréal et ailleurs au Québec pouvant accueillir ces jeunes, mais on y assortissait un ensemble de conditions auxquelles ils n’étaient pas toujours en mesure de répondre: sobriété, plan de réinsertion, traitement et/ou médication (dans le cas où ils auraient eu des problèmes de santé mentale), participation à la vie et aux tâches de la maison. Pour toutes sortes de raisons, des jeunes n’étant pas admissibles se retrouvaient dans la rue. En 1987, nous avons estimé, à vue de nez, qu’entre 200 et 300 jeunes avaient transité dans la rue pour des périodes allant de quelques jours à quelques semaines pendant une année. Dans certains cas, il s’agissait de plus d’un passage dans la rue. Une grande partie d’entre eux (un sur deux) avaient été pris en charge auparavant par les centres jeunesse. Bon nombre n’avaient pas de revenus ou alors un très faible montant d’aide sociale (autour de 175 dollars par mois), et n’étaient donc pas en mesure de se louer un appartement ni même une chambre. C’est à partir de ces constats que nous est venue l’idée de développer un projet d’hébergement d’urgence avec un minimum de conditions à l’entrée. À l’époque, le RAPSIM recommandait l’implantation d’un projet de dernier recours pour « jeunes itinérants ». Il était question de 25 lits. Consultations et travaux ont été menés par le Réseau d’aide et ses membres, notamment avec les pasteurs du Plateau Mont-Royal, la Société d’habitation du Québec, le Service de développement communautaire de la Ville de Montréal et l’Archevêché de Montréal. Dans la foulée de ces démarches, en 1988, la Corporation Refuge de Montréal a vu le jour, avec la formation de son conseil d’administration provisoire composé de religieux, d’intervenants, d’un avocat et d’un jeune. Des démarches en vue de l’achat d’un immeuble ont été entreprises en collaboration avec la Ville de Montréal, qui s’engageait à nous offrir des locaux, engagement qui n’a pas été tenu. Une demande de financement avait été déposée au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), qui nous l’avait accordé.  C’est en 1989 que, faute d’avoir trouvé un lieu, et à la suite d’une entente avec l’Archevêché, le Refuge des Jeunes s’est installé dans les locaux de l’Abri des jeunes. L’Archevêché nous a cédé le mobilier et les installations ainsi qu’un montant de 60 000 dollars. La directrice de l’Abri des jeunes, sœur Louise Bégin, de la congrégation Notre-Dame, a accepté de rester en poste un an, assurant ainsi la transition. De 75 lits, nous sommes passés à 45 et nous avons réduit l’âge d’accueil de 18 à 25 ans, au lieu de 18 à 30 ans. Nous souhaitions ainsi offrir un accueil plus personnalisé. Il y avait aussi d’autres ressources, dont la Maison du Père, qui pouvaient accueillir les jeunes de plus de 25 ans. Après consultation du milieu et des jeunes, nous avons décidé d’accueillir des hommes seulement, compte tenu du fait qu’il y avait peu de femmes dans la rue et que la mixité n’était pas souhaitée par les jeunes, autant garçons que filles. Il faut dire aussi que des installations en refuge posent des défis de mixité et d’intimité. Les premières années, nous avons été ouverts huit mois par année, faute de revenus suffisants. Il fallait donc trouver des solutions, car les besoins se faisaient sentir à l’année. La nécessité de l’autofinancement s’est donc imposée, puisque nous étions menacés de fermeture. De là nous est venue l’idée du Show du Refuge qui en est à sa 33e édition. Par la suite, de nombreux efforts et stratégies ont dû être déployés afin d’assurer notre financement à hauteur de 60% de notre mission globale puisque le soutien de l’État a été et demeure toujours insuffisant pour l’ensemble des organismes communautaires.  Trente-cinq ans plus tard, le Refuge est propriétaire d’un immeuble de 45 places d’urgence, dispose d’un Centre de jour, a mis sur pied en 1989 un Projet de logements sociaux avec soutien communautaire et s’apprête à développer un deuxième Projet de logements sociaux de 20 unités.  Des milliers de bénévoles et des centaines d’intervenant·es ont contribué à l’accueil de jeunes hommes en difficulté afin d’améliorer leurs conditions de vie. Ils ont été près de 25 000 à franchir les portes du Refuge en 35 ans.  En dépit de toutes ces réalisations, en partenariat avec de nombreux autres organismes communautaires, la crise de l’itinérance gagne du terrain.  Plus que jamais, c’est aux causes structurelles de production de l’itinérance qu’il faut s’attaquer.  Les crises nous révèlent à nous-mêmes dans notre fragilité, mais aussi dans nos forces créatrices de mobilisation et d’espoir. Si la crise actuelle est différente des autres, elle forcera peut-être un véritable changement. Il est à bâtir, là, devant nous.  Extrait du livre  «Le Refuge des Jeunes de Montréal : Trente ans en pays de l’itinérance ou la douleur de la soie» de France Labelle ____En savoir plus sur Refuge des jeunes de Montréal