Montréal, le 20 novembre 2024 – Des membres du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) dont Dopamine, de la Table des organismes montréalais de lutte contre le sida (TOMS), l’Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues (AQPSUD), la Mission Old Brewery (OBM) et Le Cap St-Barnabé dénoncent vivement l’intention de démanteler des sections du campement en bordure de la rue Notre-Dame.
Bien que nous nous réjouissions que le démantèlement n’ait pas lieu demain, l’intention des différentes instances reste de détruire les abris de personnes en situation d’itinérance. Soulignons d’ailleurs qu’il est déplorable et honteux qu’une injonction ait été nécessaire pour faire valoir les droits des personnes parmi les plus vulnérabilisées de notre Ville. Malheureusement, le délai accordé ne fait que retarder l’issue annoncée cette semaine. L’annonce du démantèlement de ce campement qui revêt une symbolique dans l’imaginaire collectif, évoque une fois de plus l’improvisation des différents paliers de gouvernement face à la crise de l’itinérance. Dans un contexte où l’hiver arrive et où tous les hébergements de Montréal débordent, le démantèlement marque une étape supplémentaire dans l’inaction et la négligence collective pour répondre efficacement à une crise d’urgence humanitaire.
Au vu de cette situation, malgré notre disponibilité à résoudre cette impasse structurelle et récurrente, les organismes en itinérance rappellent que les démantèlements de campements portent gravement atteinte à l’intégrité physique et mentale des personnes qui y résident en contexte de survie.
« Ce démantèlement intervient en période de pénurie chronique de places en refuges. Les hébergements d’urgence du quartier opèrent déjà à pleine capacité, devant refuser environ 70 personnes par jour alors que l’hiver n’est pas encore arrivé » dénonce Martin Pagé, directeur de l’organisme Dopamine. Le démantèlement des campements en général, mais particulièrement de celui-ci, met en lumière l’absence de solutions durables et adaptées pour les personnes vivant en situation d’itinérance qui ont besoin de se loger.
Le démantèlement des campements constitue une violation des droits humains, en particulier le droit au logement et à la dignité. Selon Chantal Montmorency, directrice générale de l’AQPSUD, « ces actions, loin de résoudre les problèmes, aggravent la vulnérabilité des personnes concernées en forçant les individus à se déplacer constamment, en brisant leurs réseaux de soutien communautaire, en exacerbant les problèmes de santé mentale et physique, et en marginalisant davantage des populations déjà exclues, criminalisant leur survie ». Les démantèlements de campements sont d’ailleurs dénoncés comme violations des droits des personnes concernées par le Bureau de la défenseure fédérale du logement, qui recommande plutôt de mettre fin aux expulsions forcées des campements et mettre en place des alternatives élaborées à la suite d’un véritable dialogue avec les résidents des campements et ainsi connaître leurs besoins tels qu’ils et elles les identifient. D’ailleurs, sur la plateforme X hier, la défenseure s’est dite préoccupée par le démantèlement du Campement Notre-Dame et a demandé au Ministère des transports et de la mobilité durable et à la Ville de Montréal, de ne pas démanteler.
Les organismes en itinérance demandent aux différentes instances de se rétracter immédiatement et de ne pas démanteler le campement aux abords de la rue Notre-Dame. Plus largement, ils demandent un moratoire sur les démantèlements ainsi qu’un support technique pour toutes les personnes qui y résident faute d’alternative, c’est-à-dire une collecte de déchets, un accès à des installations sanitaires ainsi qu’un soutien du SIM pour pouvoir se chauffer sécuritairement.
Revue de presse
Démantèlement du campement sur Notre-Dame: un moratoire exigé
Montreal advocates want immediate moratorium on homeless encampment evictions
Le démantèlement des camps d’itinérants avec, Jérémie Lamarche, du RAPSIM