notre
mission

Depuis 1974, le RAPSIM défend les droits des personnes en situation d’itinérance ou à risque de l’être. Il regroupe plus de d’une centaine d’organismes qui travaillent auprès de ces populations : ressources d’hébergement, centres de jour et de soir, logements sociaux avec soutien communautaire; ressources actives en travail de rue et de milieu, en santé mentale, en toxicomanie, en insertion socioprofessionnelle ou en aide alimentaire. Son action s’appuie sur une équipe de travail ainsi qu’un conseil d’administration engagé et est alimentée, de façon continue, des expériences et réflexions de ses membres. Les interventions du RAPSIM interpellent les trois paliers gouvernementaux.

Nos valeurs et principes

Reconnaissant l’itinérance comme un phénomène complexe auquel il n’existe pas de solution unique, le RAPSIM se positionne en faveur d’une approche globale. L’approche globale c’est de comprendre la personne dans les multiples dimensions de sa vie, ses identités (sexe, âge, orientation sexuelle, etc.), son histoire personnelle, ses conditions de vie, ses besoins, ses relations interpersonnelles et sociales, ses capacités, ses forces, ses ressources, etc. Une vision globale doit donc prendre en compte les causes sociales, économiques, culturelles et politiques des situations vécues individuellement. Cette approche implique aussi une conception généraliste et holistique de l’intervention, respectant le rythme de chaque personne et invitant à développer de multiples formes d’interventions différentes qui tient compte des dénis de droits.

Dans une perspective d’approche globale, le RAPSIM considère que l’itinérance constitue un déni de droits et qu’il est nécessaire d’agir simultanément sur plusieurs axes tant pour prévenir que pour réduire l’itinérance. Nous intervenons ainsi sur les facteurs sociaux incluant l’accès au logement, la lutte à la pauvreté, la défense du droit de cité et l’accès aux soins de santé exempt de stigmatisation et de discrimination. Tous ces facteurs peuvent jouer un rôle fondamental à la fois dans la prévention et dans la réduction de l’itinérance. S’ajoute à cela l’aspect humain et le rôle incontournable du lien de confiance avec les personnes en situation d’itinérance et à risque de l’être.

Le RAPSIM met donc de l’avant l’importance d’une diversité de réponses que commande la multitude des visages, des réalités et des besoins en itinérance. En ce sens, il soutient et fait la promotion des actions et activités diversifiées de ses membres. Plus concrètement, pour le RAPSIM, promouvoir l’approche globale implique plusieurs éléments. Premièrement, une prise en compte des facteurs sociaux qui affectent les conditions de vie, en particulier les inégalités sociales, de même que l’expérience subjective des personnes est nécessaire. Deuxièmement, une attention particulière doit être portée tant à l’expression affective de la personne que de la perception qu’elle a de sa condition d’existence. Troisièmement, une conception généraliste et holistique de l’intervention, invitant au développement de diverses formes de polyvalence et d’adaptabilité afin d’éviter la fragmentation s’impose. Quatrièmement, une participation qui soit libre, volontaire, et active des personnes plaçant au centre de l’intervention leur rythme et leurs volontés. Finalement, à l’échelle des groupes, l’approche globale implique une gestion et une orientation autonome.

L’approche communautaire est une philosophie qui mise sur la reconnaissance et la valorisation du potentiel des individus, des réseaux de soutien, des milieux et des communautés. Cette orientation met l’emphase sur le partage des responsabilités individuelles et collectives dans la réponse aux besoins de la personne. Elle émane d’une volonté de prendre soin de la communauté en plaçant l’individu et la communauté au cœur de l’action. Travailler dans une approche communautaire, c’est se soucier de la communauté dans sa manière d’accueillir les souffrances, de prendre en charge les problèmes lors des distributions de réponses et lors des interventions visant à produire un changement social. Plus qu’une méthode de travail, l’approche communautaire est une attitude, une façon de lire les rapports sociaux, une manière d’agir. L’approche communautaire c’est ce lien de confiance et de respect tissé au fil des interactions entre les intervenant·es, les personnes et les pairs. C’est une relation d’aide et d’entraide qui vise à promouvoir l’autonomie et l’autodétermination des personnes et des communautés en reconnaissant le pouvoir d’agir individuel et collectif. Plutôt que de considérer les personnes comme des bénéficiaires passifs de services ou d’interventions, l’approche communautaire cherche à les habiliter en les impliquant activement dans le processus de prise de décision et en reconnaissant leur autonomie. L’approche communautaire a un volet conscientisant en présentant une dimension à la fois pédagogique et politique dans une démarche d’éducation populaire, émancipatrice et axée vers une transformation sociale. L’approche communautaire est donc indissociable de la culture politique des mouvements sociaux avec les différentes actions de mobilisation et de revendication, de contestation et de plaidoyer.

À travers son action et ses revendications, le RAPSIM, dans l’esprit de l’approche communautaire, soutient les communautés qui travaillent à réunir des conditions favorables au développement de leurs réponses ou à en promouvoir des nouvelles. Son action vise également à donner aux personnes et aux communautés la place, l’autonomie et les moyens nécessaires pour exercer leur rôle social.

À cet effet, le RAPSIM fait la promotion du pouvoir d’agir en s’assurant que les personnes avec expériences d’itinérance soient incluses et consultées pour toutes décisions qui les concernent et ce dans les différentes instances. Le RAPSIM soutient également que les relations d’aide, d’accompagnement ou de support doivent être égalitaires et prendre une forme ouverte de collaboration, de partenariat. Cela suppose qu’on se place du point de vue de la personne dans la recherche de solutions ou d’actions qui correspondent à son rythme, ses besoins, ses objectifs.

L’action communautaire autonome fait référence aux initiatives des citoyen. nes et des communautés qui se mobilisent et agissent afin de répondre à leurs besoins ou à des problématiques sociales qui les touchent. Ce sont également les organisations et associations par et pour les personnes premières concernées avec des visées de transformation sociale, de justice sociale, de progrès social et qui sont indépendantes des réseaux publics et institutionnels et autres bailleurs de fonds. L’autonomie de l’action communautaire est une caractéristique essentielle qui permet aux organisations de travailler de manière efficace, pertinente et sensible aux réalités spécifiques de leur communauté. Elle se réfère à la capacité des groupes ou organismes communautaires à définir leurs objectifs, leurs priorités, leurs méthodes de travail et d’allouer leurs ressources selon leurs propres besoins et convictions sans influence ou contrainte extérieures. En effet, les solutions les plus efficaces émergent à l’échelle locale et communautaire, grâce à une compréhension fine des réalités spécifiques à chaque communauté. L’autonomie est donc un élément crucial pour assurer que les réponses offertes par et pour les communautés soient pertinentes et adaptées.

Pour le RAPSIM, le respect de la capacité des groupes à exercer un contrôle indépendant sur leurs activités, décisions et ressources est essentiel pour prévenir et réduire l’itinérance. Cela relève d’une responsabilité partagée entre le mouvement communautaire et les bailleurs de fonds (publics, privés). Le RAPSIM dénonce les ingérences administratives et la non sécurisation du financement des organismes qui minent leur indépendance et leur autonomie. Aussi, le RAPSIM dénonce la mise en concurrence des organismes entre eux pour du financement.

Le RAPSIM défend que c’est la volonté des communautés et des personnes concernées qui doit définir les critères et orienter les financements des bailleurs de fonds et non le contraire. La sécurisation du financement des organismes implique un financement à la mission, à la hauteur des besoins dont les groupes ont définis eux-mêmes et indexé annuellement à la hauteur de l’IPC.

L’approche féministe intersectionnelle prend racine dans le Black feminism qui a notamment mis de l’avant le fait que le sexisme et le racisme sont intimement liés et qu’ils doivent être réfléchis ensemble pour rendre compte des réalités vécues par les femmes noires et lutter contre ces inégalités. Au-delà du sexe et de l’origine ethnique, plusieurs facteurs de marginalisation interagissent ensemble, notamment l’orientation sexuelle, le genre, la condition sociale, l’âge, le statut migratoire, l’état de santé mentale, etc. L’intersectionnalité postule donc que l’interaction des systèmes d’oppression participe à la production et la reproduction des inégalités sociales. Ces inégalités peuvent difficilement être considérées en dehors de cette interaction.

Pour le RAPSIM, l’approche féministe intersectionnelle et inclusive débute avec une compréhension du rôle des oppressions dans le phénomène de l’itinérance (avant, pendant et après) : la condition sociale y est omniprésente et intéragit avec d’autres systèmes d’oppression. Ainsi, à titre d’exemple, l’itinérance des femmes se caractérise différemment à cause de l’interaction entre leur genre et leur condition sociale. Cela influence leur parcours de vie, leurs stratégies de survie, et leurs besoins avant et pendant leur situation d’itinérance. Au-delà d’être théorique, cette posture a pour but de valider le vécu des personnes, de permettre une reprise de pouvoir et surtout permettre une lutte collective contre l’itinérance.

Le RAPSIM revendique qu’il est fondamental d’effectuer une analyse différenciée tenant compte de l’interaction des oppressions lors de l’organisation, la mise en œuvre et l’évaluation des services et de ressources pour les personnes en situation d’itinérance. Celle-ci permet de tenir compte des réalités et des besoins particuliers de chacun. Cette réflexion doit s’effectuer de façon continue et en tenant compte des oppressions multiples. Encore plus concrètement, il est essentiel qu’une diversité d’hébergements et de logements sociaux avec soutien communautaire adaptés aux femmes et aux personnes de la diversité de genre et sexuelle en situation d’itinérance soient financés adéquatement. Le RAPSIM doit s’engager dans une lutte aux différents systèmes d’oppressions qui produisent et maintiennent des personnes en situation d’itinérance.

La réduction des méfaits s’appuie sur les principes d’humanisme et de pragmatisme. Par humanisme, on entend travailler avec les personnes telles qu’elles sont, où elles se trouvent, sans jugement et avec comme base d’intervention leurs volontés — telles qu’elles le nomment — tout en s’efforçant de leur donner du pouvoir sur leurs situations. Par pragmatisme, on entend se pencher sur ce qui fonctionne dans l’ici et maintenant plutôt que d’avoir une visée idéologique telle que l’abstinence à tout prix. En ce sens, les sources des méfaits vécus concrètement peuvent être à la fois directes et systémiques. La réduction des méfaits implique en elle-même le respect des droits de la personne et une visée de transformation sociale et politique des mécanismes d’oppression. Elle est historiquement plus souvent mobilisée lorsqu’il est question de consommation de substance ou de travail du sexe. L’utilisation du mot «méfait», loin de signifier que certains comportements seraient en-soi et intrinsèquement néfastes pour toute personne, s’inscrit dans une reconnaissance que les situations outrageuses que vivent certain·es de nos concitoyen·nes sont profondément ancrées dans un contexte social et dans la relation de ces personnes avec ce contexte. Il ne suffit donc pas de calculer les coûts et bénéfices de mesures ou d’actions, mais de revendiquer des changements structurels pour que l’existence même de ces situations ne soient tout simplement plus possibles.

La déstigmatisation et la décriminalisation par exemple du travail du sexe ou des drogues sont donc des impératifs essentiels puisque les condamnations sociales et la criminalisation de ces comportements poussent les personnes à la clandestinité, en marge de la société afin d’éviter les répressions. Ces dynamiques peuvent entraîner un cercle vicieux de marginalisation et de difficultés accrues pour les personnes en situation d’itinérance. L’application de cette approche signifie de prendre en compte les conséquences prévisibles des mesures par rapport à une situation qui peut sembler en soi insoutenable. Par exemple, criminaliser la consommation de substances psychoactives peut induire plus de méfaits — augmentant les surdoses étant donnée l’absence d’indication de concentration de substance comme on peut en retrouver sur les bouteilles d’alcool ainsi qu’en forçant les personnes qui consomme à faire face au système judiciaire — que de décriminaliser ou de légaliser la consommation de ces substances et ainsi redonner du pouvoir aux personnes qui consomment.

En cohérence avec une approche de réduction des méfaits, les actions du RAPSIM se concentrent sur les facteurs structurels et systémiques qui affectent les réalités des personnes en situation d’itinérance et détériorent leurs conditions de vie. Il se positionne contre la répression et la criminalisation des personnes en situation d’itinérance, pour le droit à la consommation et travaille à déconstruire les idées préconçues et stigmatisantes à leur égard, souvent à l’origine de cadres législatifs et de politiques discriminatoires.

quelques jalons d'histoire

1974

Création du RAPSIM: Des personnes impliquées dans le milieu de l’itinérance montréalais voient la nécessité de porter d’une seule voix les besoins des personnes en situation d’itinérance auprès des différents paliers de gouvernement.

1987

Année internationale du logement des sans-abri: Le RAPSIM contribue à une consultation par la Ville de Montréal, qui mène à la publication d’un rapport solide dotant notamment le milieu d’une définition plus large de l’itinérance et faisant état de la nécessité de contrer la disparition des maisons de chambres, rempart contre l’itinérance.

1994

Création du Collectif de recherche sur l’itinérance (CRI): Un partenariat du milieu de la recherche avec le RAPSIM et le CLSC des Faubourgs permet le vaste développement de connaissances sur l’itinérance, par l’entremise de publications, colloques et forums sur le sujet.

1998

Colloque l’itinérance à la carte: La tenue de cet évènement d’envergure par le RAPSIM et des partenaires d’autres régions québécoises mène à la création du Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec (RSIQ).

2003

Création de l’Opération Droits Devant: Ce comité du RAPSIM documente la judiciarisation des personnes en situation d’itinérance et interpelle la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec.

2005

Premiers états généraux de l’itinérance au Québec: Le RAPSIM prend activement part à cette grande mobilisation du milieu, qui mène à la déclaration Droit de cité, laquelle identifie pour la première fois le besoin de se doter d’une Politique nationale en itinérance.

2007

Création de la Clinique Droits Devant: Le RAPSIM met en place un service d’accompagnement pour les personnes en situation d’itinérance judiciarisées. La Clinique devient un organisme à part entière en 2014.

2009

Avis de la Commission des droits de la personne sur le profilage social: La Commission conclut que la gestion pénale de l’itinérance à Montréal constitue du profilage social, situation que dénonce depuis plusieurs années le RAPSIM.

2010

Deuxièmes états généraux de l’itinérance au Québec: Réunissant plus de 330 participant.e.s, le milieu québécois de l’itinérance réaffirme le besoin urgent d’une Politique nationale en itinérance.

2014

Adoption de la Politique nationale en itinérance: Après des années d’une lutte à laquelle a activement pris part le RAPSIM, le gouvernement québécois adopte la Politique nationale en itinérance «Ensemble pour éviter la rue et en sortir», qui identifie la nécessité d’intervenir sur cinq axes: le logement; les services de santé et les services sociaux; le revenu; l’éducation, l’insertion sociale et l’insertion socioprofessionnelle; et la cohabitation sociale et les enjeux liés à la judiciarisation.

2014-2015

40e du RAPSIM: Le RAPSIM reçoit le Prix du maire en démocratie. Plus de 400 personnes prennent part à son Forum 40e dans ses nouveaux locaux situés à l’Espace Fullum.

2017

Consultation publique sur le profilage social et le profilage racial: Le RAPSIM dépose un mémoire dans le cadre de cette consultation longtemps demandée à l’administration municipale. Les commissaires émettent 33 recommandations suivant cette consultation, dont celle de procéder à une analyse de la règlementation municipale pour en évaluer le caractère discriminatoire.

2019

Publication d’un rapport sur la sauvegarde des maisons de chambre: Le RAPSIM publie ce rapport qui identifie 15 pistes d’action afin de protéger le parc de maisons de chambres montréalais et qui interpelle plusieurs partenaires.

2020

45e du RAPSIM: Le RAPSIM souligne ses 45 ans en mettant en lumière la force des actions de ses membres dans les différents axes de la lutte à l’itinérance.

À venir

nos partenaires

section à venir

Sébastien Lanouette (RJSL- Ressources Jeunesse Saint-Laurent)
Président

Marie-Noëlle L’Espérance
(Dans la rue)
Administratrice

Alexandra Pontbriand
(Spectre de rue)
Administratrice

Diane Dupuis
(Action Autonomie)
Administratrice

Mélissa Duclos
(Ma Chambre inc.)
Administratrice

Robert Brunet
(ADDS-MM)
Administrateur

Mireille Roy
(Maison Marguerite)
Administratrice

Line St-Amour
(Plein Milieu)
Administratrice

Tania Charron (Action Jeunesse de l’Ouest-de-l’Île (AJOI) et Ricochet Hébergement/Homes)

Administratrice

notre équipe